Colombe
| Sujet: Y a pas pire endroit pour une rencontre.. Mar 29 Mai - 16:05 | |
| J'aime pas le noir. Mais franchement, qui aime le noir ? Ça fait peur, c'est même pas joyeux. Alors que moi j'aime bien quand c'est joyeux. En général quand c'est pas joyeux c'est silencieux, et j'aime pas le silence non plus. Et puis quand c'est silencieux, c'est comme l'eau. L'eau c'est silencieux. Et ouais. Et j'aime pas l'eau. Puis j'aime pas.. Oh ta gueule. D'accord.
Allez donc savoir pourquoi je me retrouve ici. Pourquoi est-ce que je suis venue me terrer dans le quart Sud et pourquoi, putain, POURQUOI les plaines venteuses ? Des fois je crois qu'y a un hobbit dans ma tête, qui la contrôle. Quoi qu'un hobbit serait plus grand que moi, il ne rentrerait pas dans ma tête. C'est pas gentil de se moquer de la taille des gens. Pouet. Bien heureusement pour moi, il ne fait pas noir. … Ah bah si. J'ai oublié de mettre des chaussures. Le sol est confortable, on se croirait à la plage. Enfin, ce qu'on nous en dit en tout cas. Le sable fin et chaud sous les pieds.. Ouais enfin sauf qu'à la plage en général y a ni le silence ni le noir. Enfin je crois. Il est vingt-deux heures passées. Je me demande ce que je fous encore là. À marcher, pieds nus, dans une robe trop bleue. En train de tripoter mes cheveux trop bruns, attachés par des nœuds trop rouges. Quelle idée de venir ici. Surtout sans personne. Et si quelqu'un arrivait ? Quelqu'un de méchant, je veux dire. Mais pour être ici, la plupart d'entre nous sont méchants. C'est pas faux. Mais ce serait peut-être mieux que d'être seule. Le temps passerait peut-être plus vite.
Les plaines venteuses le sont trop. Sauf la nuit. Mais la nuit, il fait noir. Je ne sais toujours pas si je préfère y aller de nuit au risque de faire une crise d'angoisse, ou bien le jour et me faire emporter je ne sais où par un vent qui décollerait même Théa du sol. Théa, le cerf. Ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vus. C'est étrange. Même en allant dans la forêt, je ne l'ai pas aperçu une seconde. Chose étrange. Et inquiétante. Mais tout l'est ici, supposons donc que c'est normal.
On s'ennuie à mourir. Vraiment. On me retrouverait enterrée, plantée là droite comme un piquet que ça ne m'étonnerait qu'à moitié. Et peut-être qu'on ne me retrouverait même pas.. Ça doit bien faire deux heures que je suis là, et autant de temps que je tourne en rond en pensant à tout et rien. Je serais certainement mieux à Close ou dans la forêt, à jouer de l'ocarina. Histoire de me détendre. Ou peut-être même de dormir. Je piquerais bien un petit som. J'suis crevée. Exténuée. Carrément amorphe. Assommée, blasée, brisée. Mais ça fait deux heures que je marche sans pouvoir m'arrêter. Même pas pour m'éloigner; je tourne en rond. Comme un poisson. Un des ces petits, rouge et blanc pourquoi pas, qui tourne et tourne et tourne à vous en donner le mal de mer. Rien de bien passionnant en somme..
Je décidais finalement de repartir. Quelque chose m'attirait et me disait de rester ici, mais j'y étais depuis déjà bien assez de temps. Je commençais à trembler, et de peur et de froid. Le peu de vent qu'il y avait soufflait à mes oreilles et la fatigue me faisait entendre le moindre bruit insignifiant comme si c'était un tremblement de terre gigantesque. Ma tête allait exploser dans peu de temps, et si ça n'était pas le cas, je la ferais exploser moi-même. Je ne sais pas ce qui était le pire.
Je repartais d'un pas encore plus lent que le précédent, et regardais droit devant moi, le regard absent. J'allais vraiment mourir ici. J'en étais persuadée. Mais plutôt que ça, je tombais à terre de fatigue et soupirais, incapable ou presque de me relever. Le temps passait encore plus lentement. Je me remettais sur ce qui me servait de jambes et avançais, lentement. Il valait mieux ne pas trop accélérer – et voyons le bon côté des choses : si je viens à heurter quelque chose, je le heurterais moins vite. Je regardais ce qui se trouvait face à moi. Pas grand chose. Du vide, surtout. Du grand, grand vide. J'aurais tant aimé voir voler ici quelques oiseaux, au milieu d'arbres bien verts. Va vraiment falloir que je m'explique pourquoi être venue ici. |
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